EUROPE – NEGOCIATION DU PAQUET VIN
À quelques semaines des arbitrages européens définitifs sur la réforme de la filière vin, de nombreux sujets essentiels restent en suspens. Samuel Masse, président de la Confédération Européenne des Vignerons Indépendants (CEVI), revient sur les principaux enjeux et rappelle les positions défendues par l’organisation.
Au cœur des discussions : la compétitivité du vignoble, la gestion des crises, l’avenir des aides européennes et l’équilibre entre les différents modèles de production.
La CEVI reconnaît plusieurs avancées obtenues grâce au travail de plaidoyer mené auprès des institutions : extension des autorisations de replantation à huit ans, possibilité de financer les arrachages, report des fonds non utilisés, ouverture de la promotion œnotouristique aux organisations professionnelles, incluant les Vignerons Indépendants, ou encore ouverture d’un schéma de promotion simplifié pour les petits producteurs.
Mais le texte adopté en commission agricole du Parlement européen laisse encore des inquiétudes majeures. La CEVI alerte notamment sur l’assimilation des Organisations de Producteurs aux PME pour l’accès aux aides, ainsi que l’intégration des mesures de crise au sein des programmes sectoriels, qui pourrait détourner des budgets destinés au développement de la filière.
L’arrachage temporaire, réclamé de longue date par la France, ne figure pas dans les propositions actuelles. Pour Samuel Masse, ce n’est pas une surprise, mais la prolongation des autorisations de replantation constitue au moins une réponse partielle en offrant davantage de souplesse aux producteurs touchés par la crise. Sur l’arrachage définitif, la CEVI juge indispensable de ne pas mobiliser les fonds sectoriels — dédiés au développement — mais continue de demander que la réserve de crise puisse être utilisée par les États membres qui en ont besoin.
Autre dossier clé porté depuis plus de dix ans : la création d’un guichet unique pour les droits d’accises, indispensable pour faciliter la vente directe dans l’Union européenne. Si les discussions techniques avancent, la CEVI regrette l’absence de signal politique clair et appelle la Commission à accélérer pour répondre aux besoins des producteurs engagés dans la commercialisation en circuit court.
Enfin, la proposition de nouvelle PAC inquiète profondément la CEVI. La suppression de l’enveloppe spécifique du vin, la possible renationalisation de la politique agricole et la baisse généralisée des budgets porteraient un coup sévère à un secteur déjà fragilisé. Pour les Vignerons Indépendants Européen, cela représenterait un recul net : moins de moyens dédiés, plus d’incertitude, et un risque accru de déséquilibre entre opérateurs, notamment au profit des Organisations de Producteurs. La CEVI demande à la Commission de revoir sa copie, de préserver la spécificité du secteur vitivinicole et de maintenir des outils adaptés à un modèle qui repose sur la diversité des structures et des territoires.
Source : Fédération des Vignerons Indépendants de France

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