Courrier transmis au Comité Champagne,
à l'ODG, à l'INAO et aux élus
Notre position vendanges
Notre position vendanges prônant une appellation à 11 000 Kg/ha sur 5 années, peut susciter des questionnements. Nous vous transmettons nos réflexions.
Il est souvent fait mention d’une condition sinéquanone pour la stabilité de la Champagne et de ses composantes de « hauteur des stocks en cave », mais qui est en mesure d’apporter un complément sur le chiffre précis de cette « hauteur » ? Pourrions-nous avoir une visibilité sur le stock mort ainsi que sur le stock non utilisé?
Nous sommes désireux de connaître la « hauteur » du stock qu’on pourrait qualifier de “mort” en Champagne (assurance, retraite, etc.). Malgré, la demande de nos administrateurs lors d’une réunion sectorielle du Syndicat Général des Vignerons nous n’avons pas obtenu les éléments chiffrés. Car, si nos rendements dépendent de ces chiffres, alors nous pensons que nous sommes en droit de les connaître chaque année.
Nous l’avons dit récemment, la profession, même le négoce, est en capacité de supporter le coût de ces stocks, si l'on considère les très bons résultats dont ils se targuent. Nous refusons d’être encore et toujours une variable d’ajustement. Et, il nous incombe à tous de ne pas laisser les stocks s’accumuler, de remonter nos manches et de vendre.
Nous regrettons qu’aujourd’hui notre interprofession adopte des automatismes conservateurs de repli de la production, sans même analyser ce qu’il s’est passé sur le marché ces derniers mois.
Malheureusement, nos amis du Bordelais, sont la preuve vivante qu’adapter la production au marché est une erreur puisque cela fait au moins deux décennies qu’ils arrachent, sans pour autant inverser la tendance. Clairement la stratégie de limitation d’une soi-disant « sur-production » ne fonctionne pas. D’ailleurs, si l’on évoque une adaptation à une éventuelle surproduction, pourquoi y aurait-il une extension de l’appellation de la part de l’ODG? Ce ne serait pas logique.
Nous ne pensons pas que donner des éléments de réduction de la production et des données négatives soient un bon signal pour les marchés. Il nous faut changer le prisme de nos réflexions collectives, nous sommes capables de vendre plus et mieux, encore faut-il analyser les marchés et les outils à mettre en place. Et c’est là où nous en appelons l’ensemble des familles champenoises à l’audace et au challenge !
Il faut arrêter de laisser se dégrader la position des champagnes sur le marché mondial des vins effervescents.
Les Vignerons Indépendants de France, tout comme l’émanation champenoise que nous représentons, avions l’intuition, depuis plusieurs années et jusqu’à récemment, que nous n’avions pas un problème de surproduction mais bien de sous-commercialisation. Il y a quelques semaines cette intuition a été confortée par des faits et des chiffres. C’est sur cette base que nous sommes désormais en train de travailler pour proposer un plan d’actions à nos adhérents. Une des premières pistes pourrait être, plutôt que de définir un rendement à l’hectare, d’adopter un objectif de mise sur le marché, un objectif de vente, un axe de travail fondamental défini par la majorité des entreprises.
Pour nos vignerons les plus dynamiques, il nous semblerait incongru qu’ils doivent acheter des raisins dans le cadre des 5% autorisés. Ils veulent récolter ceux qu’ils produisent eux-mêmes. Je rappelle d’ailleurs que 5% est une règle avant tout qualitative et non pas de contournement des décisions interprofessionnelles ou même un objet spéculatif. Tout comme la réserve ne pourrait être un objet spéculatif quand elle ne doit servir qu’à compenser une météo capricieuse, voire soutenir des vignerons qui prennent des risques pour faire avancer la viticulture.
On pourrait nous opposer que certains de nos opérateurs vendent des raisins et des bouteilles sur latte, loin de nous l’idée d’imposer à qui que ce soit sa façon de travailler et ses choix. Toutefois je tiens à rappeler qu’aujourd’hui la rentabilité de nos exploitations se mesure comptablement à un rendement en kilos-hectare. 11,000 kilos sur 5 ans est un objectif qui correspond non seulement à la possibilité d’être rentable, d’investir dans le vignoble pour celui qui veut protéger l’environnement et réduire, voire stopper ses herbicides. Mais, c’est aussi un rendement qui permet de développer le commerce pour vendre plus et mieux, notamment à l’export. C’est d'ailleurs l’un des objectifs majeurs des Vignerons Indépendants de Champagne et de France puisqu’il s’agit du 3e pilier phare de la feuille de route de notre Président National Jean-Marie Fabre.
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